21. Yves et ses amis
Ce matin, Céline eut fort à faire pour nourrir quatre jeunes affamés !
Heureusement, elle avait toujours en réserve des croissants surgelés, car ceux qu'elle avait été acheter de grand matin n'avait pas suffit : ils avaient été dévorés en moins de deux, à son grand étonnement :
- Mes enfants ! Mais vous semblez affamés ce matin ?
- Heu... ce doit être le grand air qu'on trouve chez vous, chère madame ! sourit Gérard, charmeur.
- Vous croyez ? rit Céline. Vous sortez pourtant de ce fichu abri où l'air est plutôt confiné, non ? Vous avez bien dormi au moins ?
- Comme des anges ! répondit Eric à son tour avec cet air justement angélique qu'il savait prendre.
- Eh bien tant mieux, mais je reste persuadée que vous auriez été mieux dans la maison : nous avons assez de chambres...
- Mmmh, répondit Pierre, c'est moins « l'aventure », ma tante ! Là, on peut rêver qu'on est dans un stalag ou dans une fusée spatiale !
- Aaah, votre imagination, à vous les jeunes ! rit Céline en caressant la joue de son neveu. Dites-moi, ça vous dirait de rester deux jours de plus ici ?
- Heu, pourquoi pas madame? fit Gérard. Il y a une raison à cette demande ?
- Eh bien, mon frère, le père de Pierre donc, m'a téléphoné ce matin pour me demander de l'accompagner en France où nous avons un vieux cousin qui vient de décéder : nous en avons pour deux jours aller-retour, et j'ai pensé...
- … qu'on pourrait rester ici Pierre et moi si nos amis restaient aussi ? Oh, maman, qu'elle bonne idée ! s'écria Yves en lui sautant au cou.
- Ouf, quel enthousiasme ! Je te rappelle quand même qu'il y a le cousin Armand qui est décédé, et que Gérard et Eric ne sont peut-être pas libres ?
- Pas de problème pour moi, madame, affirma Gérard, mais Eric ?
- Si je peux téléphoner à mes parents, pas de problème non plus : nous sommes en vacances après tout !
- Eh bien, voilà quelque chose de réglé ! Moi, j'ai téléphoné à ma chef, qui est aussi mon amie, et elle arrangera ça mardi pour mon boulot...
- Chouette ! Au lieu de deux jours ensemble, nous en avons donc quatre, c'est ça ?
- Oui, nous partons demain matin, en fait, pour revenir mercredi soir, car l'enterrement est mardi et il y a une journée de voyage à chaque fois.
- C'est dans le Sud, madame ?
- Oui, près d'Uzès, un petit village proche du pont du Gard paraît-il.
- C'est une belle région ! Je suis allé à Uzès en vacances avec mes parents il y a deux ans...
- C'est vrai ? Je ne connais pas du tout. Mon frère connait mieux que moi.
- Oui, papa a parfois parlé du vieux cousin Armand et de sa baraque provençale.
- C'est donc la Provence là-bas ? demande Yves.
- Oui, en effet. Tu n'y est jamais allé ?
- Non, mais nous irons peut-être un jour, hein maman ?
- Nous verrons, mon chéri, nous verrons...
Et le déjeuner se passe ainsi en conjectures provençales, les uns vantant ce beau pays, les autres les écoutant béas d'envie. Yves aurait bien accompagné sa mère... mais la perspective de trois jours encore avec ses nouveaux amis et son cousin Pierre le consolèrent très vite.
La matinée sera consacrée à la « messe du dimanche », où Yves est toujours aussi fidèle à l'acolytat, même s'il est parmi les plus grands maintenant avec Pierre.
Gérard et Eric ne se gênent pas pour leur faire des clins d'yeux, essayant, par jeu, de les faire sourire, mais les deux garçons semblent faire sérieusement ce que l'on attend d'eux. Céline est très fière de « ses garçons » comme elle dit alors !
Le reste de la journée se passa en visite des environs, car la campagne était belle, et cela flattait Yves de faire découvrir sa belle région d'Ardennes à ses nouveaux amis, même si Pierre connaissait déjà chaque coin par coeur.
Ils se promirent, pour le lendemain, s'il faisait beau, de s'offrir un beau pique-nique dans la forêt ardennaise, essayant de trouver l'un ou l'autre ancien bunker de la seconde guerre mondiale.
Peut-être aussi verrait-ils des cerfs et biches avec leurs jeunes faons ?
Le souvenir de « bamby » étaient dans toutes les têtes car le célèbre film de la maison Disney était passé à la télé à Noël dernier.
Pour le reste, l'aventure, sans doute ?