Il se leva, et me dit, « si nous buvions une petite coupe, aujourd’hui, c’est jour de fête » et il se dirigea vers la table, il prit la bouteille et fit sauter le bouchon.
Les deux coupes dans une main et la bouteille dans l’autre, il revenait vers le lit, les bras appuyés sous la tête adossé au mur, je ne perdais pas une miette de la beauté de son corps nu évoluant dans la chambre.
Qu’il était beau mon homme, que de bonheur il venait de me donner dans notre joute passionnelle dont nos corps portaient encore les traces de ce divin combat.
Il posait les verres sur la table de chevet et versa le champagne dans les coupes, et vint me rejoindre au lit, il me tendit l’une et prit l’autre dans le tintement du son de cristal de nos verres, il me dit, « A notre amour mon cœur »
- A notre bonheur ma puce, mais je dois te confier que je doutais de plus en plus de notre rencontre. Je croyais sincèrement que quelque part elle te faisait peur.
- Non ! Ne dis pas cela mon cœur, j’avais vraiment envie de faire l’amour avec toi et maintenant plus que jamais j’espère te revoir pour partager à nouveaux ce bonheur, mais mon côté angoissé me faisait redouter cette rencontre. La peur de gâcher notre amour de cœur, notre bel amour de papier, car l’acte physique semait le doute dans mon esprit.
- Moi pas je voulais te rejoindre au moins une fois car à notre âge le temps devient notre ennemi, et puis je suis un affreux bélier qui fonce tête baissée, mais je n’ai pas de regrets, si c’était à refaire, je recommencerai par amour de toi.
- Tu sais ! Moi je suis une balance qui pèse et repese cherchant perpétuellement l’équilibre dans le poids, et du poids dans ma vie tu en as sur le plateau mes sentiments pour toi pèsent bien lourd.
- Oui ! Je comprends, maintenant d’autres doutes, d’autres peurs vont s’installer en toi.
- Pourquoi dis-tu cela mon cœur ?
- Parce que à te lire, j’ai appris à te connaitre ma puce ! Maintenant tu vas être angoissé à l’idée que notre amour rende notre vie fade et qu’il puisse devenir l’instrument d’un désaccord dans nos couples.
- C’est bizarre comme tu peux lire en moi, tu es le seul à avoir ce don de visiter mon esprit pour y cueillir mes pensées.
- Je te l’ai déjà écrit et je vais te le dire de vive voix ma puce, jamais je ne quitterai ma femme, l’âge aidant, j’ai pris goût à ce confort de vieux couple après quarante deux de mariage, je n’ai plus l’âme d’un aventurier. Mais je te veux comme amant pour ensoleiller ma vie.
- Cela ne sera pas facile mon cœur, ces cent kilomètres sont un obstacle !
- Il faut y croire ma puce, le mois prochain, je suis pensionné et j’ai un ami qui a une société de nettoyage qui me propose de travailler deux jours semaine pour lui.
- Tu pourrais monter sur Bruxelles ?
- Oui pour faire le suivi du nettoyage de frigos dans une chaîne de magasins.
- Tu es un filou, mais je t’aime.
On reprit quelques coupes de champagne, et laissant libre court à nos mains caressantes, la flamme du désir se ravivait, nous entrainant à nouveau dans le jeu charnel.
Furtivement, je regardai l’heure à ma montre, il faudrait bientôt se quitter car le train qui m’avait conduit vers mon bel amant ne m’attendrait pas pour me reconduire vers ma femme.
Je pris une douche pour enlever les traces du baume de notre amour, il vint près de moi alors que je m’essuyai, m’embrassa passionnément avant de disparaitre à son tour sous la douche à son tour.
Le chemin du retour vers cette gare fut presque silencieux, ce silence nous gavait-il des instants de cet immense bonheur où avait-il fait place à l’amertume ne sachant quand renaîtrait cette férie du bonheur.
Nous allions dés ce soir redevenir des amants de clavier, mais même si le destin devait nous séparer notre amour de papier s’était dessiné sur nos corps, la toile du net avait l’espace d’une journée cédée la place à une parure de lit froissée de notre amour.