JOURNAL de PHILIPPE
"Luc me plaît de plus en plus et je crois bien en devenir amoureux.
Heureusement, il ne s'agit pas d'un coup de foudre, de ces élans passionnés ... dont je me méfie d'autant plus qu'en général, ils retombent comme un soufflé ou, s'ils durent dans le temps - comme cela est survenu avec mon dernier amant -, s'achèvent dans la déconvenue et la tristesse, voire une doulourese dépression.
Si je ne suis pas insensible à la beauté de l'homme qui accepta de partager mon week-end, je le suis tout autant à sa personnalité attachante, à ses hobbies assez semblables aux miens, à une nonchalance qui me laisse imaginer qu'il doit être merveilleux de l'avoir alangui dans ses bras.
Durant l'après-midi, j'ai apprécié sa compagnie, l'intérêt qu'il porta aux visites que nous fîmes et ses commentaires à propos de sites aussi différents que le couvent de Le CORBUSIER à L'ARBRESLE, les charmes du village d'OINGT ou le musée d'AMPLEPUIS.
Finalement très juvénile, il sait être admiratif, mais aussi exprimer son bonheur avec spontanéité : ainsi du "Wouaah" lancé en découvrant le paysage bucolique sur lequel donnaient nos chambres d'hôtel, du "Super" émis quand j'ai proposé un "footing" avant le repas du soir.
Tout en courant à ses côtés dnas les chemins surplombant THIZY, j'ai contemplé l'aisance, voire l'élégance, de sa course, la bonne proportion de ses jambes, musclées et quasi-imberbes, son torse apparemment de mêmes qualités sous le dessin de sa chemisette ..... sans oublier, naturellement, les jolies rondeurs de son petit cul moulé dans le short et une bosse qui, sans être provocante, paraissait cacher quelque trésor.
La veille au soir, j'avai posé ma main sur sa cuisse gauche alors que nous sirotions au coin-bar du "Club Privé" et ressenti à la fin certains frémissements de sa peau ... mais je crois bien que cela pouvait être lié à sa nervosité du moment.
Dans la voiture, cet après-midi, il m'a semblé que ma paume était accueillie avec une vraie sensibilité.
Arrivés sur une crête, nous nous sommes assis quelques instants sur un tronc d'arbre couché au bord du sentier.
Muets, nous avons profité des calme et beauté presque picturale de notre environnement.
C'était en quelque sorte "le bonheur est dans le pré".
J'ai posé une paume sur son genou relevé et, oh merveille, il a mis sa main sur la mienne.
Cela ne dura pas longtemps, mais je suis sûr que notre amour date de cet instant-là.
Lors du dîner, nous avons moins échangé en paroles que lors du déjeuner, goûtant à l'excellence de la nourriture et d'un "Rouge" gouleyant du FOREZ, appréciant la vie plongeante sur les collines nous séparant de la LOIRE, humant l'air frais aux arômes d'herbes qui pénétrait par la croisée entrouverte.
Nous étions bien, super-bien même, et cela se dit en silence, se manifeste seulement par des regards et sourires échangés.
A la nuit tombée, nous avons fait une promenade digestive dans le village désert. et; n'osant pas l'enlacer à la taille, je me suis contenté de mettre souvent une main sur l'épaule de Luc.
Voila où nous en étions avant que je n'écrive ces lignes.
Nous venons de nous séparer et je n'ai pas proposé à mon ami de me suivre dans ma chambre, je n'ai même pas osé le risque d'un baiser.
En slip, je remplis mon "Journal", si absorbé par mes souvenirs et mes pensées que je tressaille en entendant le grésillement de mon "portable"...