Mathieu fut ramené à POITIERS dans une ambiance plus triste que tendue.
Tout en demeurant anonyme, l'inconnu avoua qu'il avait depuis plusieurs années un ami plus âgé que lui, que leur union était devenue assez platonique tout en demeurant très affective et que, dans ces circonstances, un abandon lâche manquerait de reconnaissance et d'humanité.
Bref, l'inconnu ne s'était pas toujours trouvé à l'aise auprès de Mathieu dont, pourtant, il avait apprécié la compagnie.
Il ne se sentait pas le courage de faire des promesses de retrouvailles secrètes, d'une errance entre deux amours.
Mieux valait garder le souvenir de ces quelques heures passées.
Emu, comprenant les larmes déposées dans la nuit, Mathieu essaya de dissuader son chauffeur non pas de ne plus le voir, mais de continuer à vivre ainsi dans la frustration et les scrupules.
Il émit l'idée d'un entretien franc entre les deux amants, un jeu de vérité plutôt que des non-dits malsains et, dans ses réflexions à haute voix, dit même que, sage, le sexagénaire/compagnon de l'inconnu pourrait comprendre, voire l'admettre - lui Mathieu - dans son entourage, voire +.
Mais l'inconnu demeura inflexible et laissa l'Etudiant en Droit devant le parc de Blossac, là-même où, la veille, les deux hommes s'étaient rencontrés.
Un dernier baiser plein de tendresse, le rappel de Mathieu à l'inconnu qu'il avait son numéro de portableet pourrait toujours l'appeler avec un "Viens".... puis ce fut une séparation que le Juriste en herbe avait du mal à imaginer définitive.
Mathieu ne se retourna pas, emprunta l'allée centrale et, parvenu à hauteur du chemin qui conduit vers la rue de la Tranchée, aperçut deux hommes qui arrivaient lentement vers lui.