Chapitre Premier : Un PREMIER HOMME pour mes 20 ANS
Au terme de quelques instants d'hébétude à nous fixer du regard, le chauffeur/doux chauffard me propose de monter dans sa voiture pour aller prendre un verre. Puis, se ravisant, alors qu'il démarre et pose sa main libre sur ma cuisse revêtue d'un pantalon de flanelle grise, il me convie à déjeuner en sa compagnie, vu qu'il est midi.
Aussitôt j'accepte avec un sourire sympathique, quelque peu enjôleur, et nous voila partis pour CREPIEU la PAPE vers le restaurant "Rive droite" que je dis connaître de réputation sans, pour autant, m'y être rendu.
Comme je n'ai pas retiré ma cuisse et qu'elle frémit, l'homme laisse sa main sur moi.
En chemin, nous ne parlons guère, sinon pour échanger nos prénoms de Pierre et Aexis. En revanche, nous nous matons sans trop de retenue.
Pierre est un très bo-quadra. Elancé et mince comme je le suis (1, 80 pour 75 environ), des yeux aussi bleus et lumineux que le sont les miens, il a - toujours à mon image - un visage lisse et des lèvres un peu epaisses.
Une sorte d'air de famille existe entre nous ..... sauf qu'il est brun, avec quelques cheveux blancs, alors que je suis châtain-clair.
Tandis que je porte une pantalon de flanelle grise, une chemise blanche au col ouvert et un blouson de velours noir, il est trés élégamment vêtu d'un costume de lin gris, avec une chemise bleue et une cravate "bordeaux".
En ce jour de Juin, la température est suffisamment clémente pour nous permettre de prendre le repas sous les frondaisons d'un platane.
La truite au bleu, la poularde "demi-deuil" et le parfait à la Charteuse, les verres de Sancerre et de Cornas, le Champage que j'offre à la fin pour fêter mon anniversaire, tout cela réjouit nos papilles .
Mais il y a mieux encore : les complicité et intimité qui naissent entre nos deux personnes. Nous quittant peu des yeux, chacun posant parfois et discrètement une main sur la cuisse de l'autre - car nous sommes heureusement assis côte à côte -, nous sommes en opération de séduction mutuelle.
Pierre se décrit rapidement comme un Avocat-Juriste de Droit international, vivant séparé - mais en excellents termes - de son épouse avec laquelle il partage très librement un manoir dans le BUGEY. Très régulièremennt en séjour à LYON, il y descend dans un chateau-hôtel près de la gare Perrache.
Quant à moi, je fais état de mes études juridiques - ce qui le ravit -et, en riant, de mon célibat et de la liberté qui vient de m'être accordée ce matin-même avec le départ de la grand-mère qui m'éleva..
Nos agapes achevées, Pierre m'invite à une promenade, prétendue digestive, sur les rives du Rhône en contrebas du restaurant