Les premiers baisers avec un futur amant sont inoubliables.
Je me souviens ainsi
de mon Oncle Jean, m'embrassant dans son petit salon bibliothèque (épisode 12),
du Vicaire Jacques posant ses lèvres sur les mienes devant le porche d'entrée de la villa maternelle à CREPIEU la PAPE (épisode 30),
de Hans mélant sa langue à la mienne après une initiation à un massage devenu coquin (épisode 45).
Lorsque les deux hommes ignorent leurs tendances homosexuelles, tout est plus délicat, plus long à venir.
Il faut des préalables de séduction, la certitude advenue que l'on ne sera pas rejeté, que l'on ne choquera pas, que l'on ne fâchera pas.
Pierre me fait donc lambiner, même si j'ai rapidement le sentiment qu'il me désire.
Il est vrai aussi que, blessé au bras, il a sans doute, dans un premier temps, d'autres pensées que celle de "baiser" avec moi et de prendre le risque de gestes malheureux de nature à raviver son mal.
Quoiqu"'il en soit, nous passons 48 heures à nous scruter,
à nous mater et frôler,
à échanger des sourires de plus en plus ambigus, et
à bander sous le regard appuyé et de moins en moins gêné de l'autre.
Le surlendemain de la tentative d'assassinat, Pierre obtient de sa famille - par plusieurs personnes interposées en souci de discrétion absolue - des vêtements de rechange et un pyjama.
Le soir venu, après quelques derniers soins à la plaie devenue quasi-indolore, Pierre me dit en riant :
"Depuis deux nuits que je dors nu, j'ai pris plaisir à ne pas être encombré d'un pyjama. J'espère ne pas te choquer si ne j'enfile pas celui qu'on vient de m'apporter"
Répondant :
"Bien sûr que non, d'autant que vous êtres très beau", j'entends aussitôt :
"Mais toi, tu es super craquant et devrais faire comme moi".
En me dénudant complètement et gagnant lentement le lit unique de mon petit studio lyonnais,
je sais alors que le premier baiser échangé avec Pierre est imminent