Chapitre 34 - Dernier jour provençal...
Ce matin, Yves et Pierre savent qu'ils verront leur ami Benjamin pour la dernière fois avant longtemps.
Ils ont obtenu de pouvoir encore « aller à la vigne » une heure ou deux, grand maximum, car l'après-midi serait consacrée aux bagages, tandis qu'ils auraient soupé (dîné) tous ensemble chez Eunice qui le leur avait proposé, comme ça ils passeraient ensemble la dernière soirée.
Yves savait que rentrer en Belgique signifiait aussi entrer dans cette école d'hôtellerie de Namur qu'il avait choisie et visitée avec sa mère. Il avait promis à Benjamin de lui écrire en attendant les prochaines vacances où ils pourraient revenir ici...
Peut-être déjà à Noël ? Ils l'espéraient du moins, mais cela semblait encore si loin !
En attendant, ils ne comptaient pas gâcher les deux pauvres heures qu'ils pouvaient encore passer à eux trois, et vite, ils se rendirent une dernière fois à leur refuge...
Là, les deux heures se passèrent en câlineries de toutes sortes, et « baisage » en règle.
Ben semblait déchaîné, lui qui savait que c'était la dernière fois avant longtemps qu'il pouvait « posséder » ses amis : il les baisa tous les deux à la suite avant de se mettre subitement à... pleurer !
- Mais Ben, qu'est-ce que tu as ? s'inquiéta Yves.
- Rien... c'est... c'est que je ne vous verrai plus ! pleurnichait le grand gars.
- Mais enfin, dit Pierre, on est pas au bout du monde ! Et puis on reviendra...
- Mais oui, Ben, ne pleure pas, nous essaierons de venir à Noël !
- Pro... promis ?
- Oui, enfin, on te promets qu'on va essayer hein ! corrigea Pierre.
- Oui Ben, on va tout faire pour, c'est promis ! le rassura encore Yves.
Un moment de tendresse plus tard, les trois garçons se rhabillèrent et firent vite le tour des vignes pour ne pas mentir tout à l'heure...
- Quel beau coin tout de même ! fit Yves mélancolique.
- Oui, c'est sûr qu'on aurait presque envie de vivre ici ! répondit Pierre.
- Pourquoi « presque » ? Moi j'aimerais vraiment vivre ici pour de bon !
- C'est vrai ? demanda Benjamin les yeux brillants. Tu aimerais vivre ici près de moi et maman ?
- Ma foi oui, pourquoi pas ? Mais bon, faut être réaliste : je dois encore aller quelques années à l'école hein..
- Oh, que c'est dommage... On pourrait vivre des vignes, tu sais ! C'est maman qui le dit toujours.
- Peut-être, Ben... mais l'école est obligatoire jusqu'à 18 ans en Belgique ! Alors je dois y aller encore 2 ans au moins, et je voudrais devenir un grand chef de cuisine, donc ça fera 3 ans sans doute !
- Mmmh, maman peut t'apprendre plein de choses, en cuisine...
- J'en suis sûr ! rit Yves. Mais ce sera peut-être pour plus tard ?
- T'inquiètes, Benja, si nous pouvons revenir, nous viendrons ! fait Pierre.
- Et puis, si un jour je suis un grand chef, pourquoi ne pas créer ici mon resto... semblait encore rêver Yves.
- Oui, bon ! En attendant, mon vieux, il est temps de rentrer si on ne veut pas se faire disputer ! dit Pierre en pressant les deux autres.
Et les garçons rentrèrent vite à la maison, laissant là un Benjamin un peu mélancolique, mais rassuré tout de même.
Le repas se passa assez vite. Céline et sa belle-soeur ont préparé une grosse salade, avec plein d'ail, de tomates, d'olives, d'oeufs durs et de thon. Avec ça, ils seraient calés jusqu'au souper d'Eunice et pourraient faire les bagages à l'aise.
Ce fut bien le programme de l'après-midi, et la voiture fut chargée de ce qui n'était plus nécessaire, car ils comptaient se lever à 4h et partir à 5 heures demain matin !
Le temps passa vite et Eunice les reçu le soir sur sa terrasse, où une grande table avait été dressée par ses soins et ceux de Benjamin. Ils firent vraiment la fête à leurs amis, et la soirée passa trop vite, surtout qu'ils voulaient se coucher relativement tôt.
Eunice promis encore de s'occuper de leur mas, « comme du temps d'Armand », dit-elle et, pour les vendanges, pas de problème : elle s'occuperait de tout. Les comptes faits, elle leur enverrait un mandat.
Ils ne dormirent pas beaucoup, sauf Alain qui avait bu un peu trop de vin peut-être, mais cela lui fit un bien fou car il se réveilla dans une forme extraordinaire, prêt à traverser toute la France et à rentrer d'un trait si on l'en croyait !
Chacun repris donc sa place, comme à l'aller, sauf que tout le monde somnola encore un peu, sauf Alain au volant, heureusement...
Les arrêts aux parkings, pour petit-déjeuner et dîner, permirent à nouveau à nos amis de se frotter à l'un ou l'autre routier un peu chaud dans certains buissons, mais la jeune sève se renouvelant vite, cela ne fit que les mettre en forme, plutôt que le contraire !...
Ils eurent aussi l'occasion de rencontrer un groupe de jeunes chinois, en France pour études, et qui circulaient dans un vieux minibus Volkswagen. Ils étaient cinq, et ils pique-niquaient manifestement quand les garçons, laissant leur famille digérer le dîner et prendre leur café, se rendirent dans le petit bois juste derrière la camionnette.
Les jeunes asiatiques étaient attablés à une table de pique-nique, mais l'un d'eux regardaient Yves et Pierre d'un oeil intéressé, et ce dernier lui fit un clin d'oeil tout en se frottant ostensiblement la braguette...
Le regard du chinois s'arrondit encore quand Pierre, juste enfoncé un peu dans le bois, sorti sa queue tout en regardant vers lui d'un air d'invite. Il ne fallut pas longtemps pour que le jeune chinois retrouve Pierre sous les arbres complices...
Un petit quart d'heure suffit à satisfaire tout ce petit monde, et il fallu bien quitter cette bonne compagnie, et tandis que des routiers continuaient à profiter de l'aubaine du jeune chinois, Pierre suivi Yves vers le parking, non sans avoir demandé l'adresse mail du jeune asiatique, des fois qu'ils viennent en Belgique !
Le voyage continua sans autre arrêt particulier...