5) JACQUES et MARC
En après-midi du jour de la TOUSSAINT, Mathilde accompagne Marc et le Vicaire à la gare de NANTUA.
En voyant partir l'autorail pour BOURG en BRESSE et LYON, elle se dit que le mauvais temps ne permettra sans doute pas à son neveu de changer véritablement d'air, mais qu'il y aura sans doute davantage de feu dans la cheminée anale de l'adolescent.
Le tortillard s'arrête à toutes les gares mais, assis côte à côte, les deux voyageurs ne trouvent pas le temps long.
Ils sont ravis de se trouver ensemble pour plus de temps que la durée d'un Office ou d'un repas chez Mathilde et Jean, d'évoquer les études du Lycéen, d'envisager des visites à LYON que Marc ne connaît pas et dont Jacques lui décrit toutes les richesses.
Le Vicaire parle aussi de sa mère, une femme très discrète qui ne se mélera pas de leurs "petites affaires" - terme sybillin dont l'Enfant de Choeur croit déceler la signification coquine -.
Dans la villa maternelle de CREPIEU la PAPE (au nom prédestiné pour un ecclésisatique), ils auront, d'ailleurs, deux chambres séparées mais communicantes, loin de celle occupée par la chère Maman, au demeurant assez sourde :
"A bon entendeur, Salut"!!!
La nuit commence à tomber, une bruine fine aussi, lorsque la micheline dépose les deux amis sur le quai de CREPIEU la PAPE .
La petit estation-gare est en contrebas de la cité, sur les bords du Rhône, obligeant ainsi Marc et Jacques à gravir quelques hauteurs sur un peu plus d'un kilomètre.
Mais ils sont de bonne humeur, sacs de montagne en grosse toile, comme on les faisait alors, et parapluie unique qui contraint - mais c'est un véritable plaisir - les marcheurs à être pratiquement collés l'un à l'autre.
Ils en bandent même, discrètement, sous leurs soutane et anorak.
Avant de frapper à la double porte en bois qui donne accès à la gentihommière de famillle,
Jacques dépose un baiser humide sur les lèvres de Marc et murmure :
"Je crois que nous allons nous aimer davantage encore".
Emu, son interlocuteur répond par un ravissant sourire.