JOURNAL de PHILIPPE :
"Pour meubler ce Vendredii soir, nous étions convenus, Pierre et moi, de prendre un petit dîner dans un "Bouchon Lyonnais" du quartier Saint Jean, puis de nous rendre au Club de la rue Saint Georges que, toujours avide de nouvelles aventures, Pierre fréquente plus fréquemment que moi.
Durant le repas, je fus attiré par un consommateur voisin dont les traits du visage étaient fins, les lèvres sensuelles et la chevelure blonde légèrement bouclée.
Vétu d'une chemise bleue à col ouvert et d'un blouson marron, il devait avoir dans les 25/30 ans et donnait l'impression d'un fils de bonne famille.
Seul à table, il paraissait contrarié et nerveux, ce que trahissaient ses gestes un peu saccadés pour saisir fourchette ou verre.
Assez absent, il semblait étranger à l'ambiance du restaurant et je ne crois pas qu'il m'ait remarqué.
Ayant achevé sa dînette avant Pierre et moi, il passa devant nous et je pus noter qu'il avait sensiblement ma taille de 1.78 et, sur sa gourmette, qu'il se prénommait Luc.
Lorsque, mon ami et moi, nous débarquâmes au Club, je fus ébahi de retrouver Luc dans cet endroit de débauche masculine : il seyait mal à ce garçon d'apparence posée et sage.
J'ignorais naturellement par quel hasard il avait atterri dans cet enclos prisé des homosexuels, mais j'en déduisis asez rapidement qu'il y était pour la première fois,
non seulement parce qu'habitué du coin, Pierre ne l'y avait jamais vu, mai aussi
par le fait que, tout en sirotant quelque alcool, Luc regardait l'assistance avec un certain effarement.
Comme il était assez bien physiquement, il fut approché à plusieurs reprises et, sans aucun doute, invité à danser ou gagner le coin sombre réservé à des paluches et +.
A chaque fois. il refusa
Vite abandonné par Pierre, toujours en recherche de chair fraiche, mes yeux se sont souvent dirigés vers le bel isolé et,
lorsque je me rendis compte que, sa collation étant absorbée, il ne tarderait peut-être pas à partir,
je pris le risque d'aller vers lui , de lui sourire et de lui proposer un verre dans la pièce servant de bar
.
A mon heureux étonnement, Luc me suivit avec une sorte de soulagement hors du local
désomais comble d'hommes en quête de "frotti frotta", d'un partenaire à emmener avec soi pour la nuit, voire de "baise" sur place.
Le coin/bar était vide de tout client, sauf les allers et venues du barman efféminé et, confortablement assis sur une banquette, nous avons pu, Luc et moi, entamer une conversation amicale qui détendit peu à peu ce premier.
Il rit même lorsque je lui eus raconté - ce qui était vrai - qu'au soir de ma découverte du lieu, je fus si scandalisé par son ambiance quej'en suis reparti au galop.
Il ne broncha pas lorsque ma main se posa doucement sur sa cuisse gauche.
De toute évidence Luc était content d'avoir trouvé un interlocuteur, de pouvoir "vider tout son sac" à propos de la Mélanie qu'il venait de jeter "out",
de dire qu'il était là par désoeuvrement, pour ne pas rentrer imédiatement chez lui après avoir dîné,
d'avouer qu'il avait sonné sans savoir, simplement parce qu'il y avait de la lumière au-dessus de la porte d'un "Club Privé" aux spécialités non annoncées,
d'exprimer comme il fut interloqué au constat de ce qui se passait au sous-sol de l'établissement.
En caressant légèrement sa cuisse, je la sentis frémir et hasardai un
"Si vous le désirez, venez prendre un dernier "pot" chez moi; j'habite Place Bellecour".
Sans ambages, Luc répondit ;
"Merci, c'est sympa de votre part, mais je ne crois pas être prêt pour cela. En revanche, je vous accompagnerai bien un peu : un bol d'air frais m'est nécessaire"...
Arrivés devant le porche de mon immeuble, nous nous séparâmes... sans avoir échangé d'adresses.