Vers huit heures Martin quittait Maçon où il venait de passer la nuit dans une charmante petite auberge, n’aimant pas rouler le soir, il avait opté pour cette formule pour ce voyage.
Après quelques kilomètres sur la nationale, laissant derrière lui Maçon, il reprenait l’autoroute du soleil pour descendre vers Avignon.
Quinze jours au paravent, il avait reçu à son domicile un courrier recommandé de l’étude de Maître Forget Notaire à Avignon, l’informant que sa présence était nécessaire le mercredi vingt-neuf mai à quinze heures pour l’ouverture du testament de Monsieur Roger Dessart.
Roger était un cousin avec lequel il avait perdu tous contacts depuis l’enfance, et cela le surprenait d’être convoqué pour la lecture du testament de ce cousin.
Pendant son enfance les parents de Roger à l’époque avaient quitté le village de Nandrin pour reprendre une ferme dans la Province du Luxembourg.
Martin se souvenait des superbes vacances qu’il avait passé dans cette ferme durant tout le mois de juillet, à courir la campagne, se baigner dans la rivière avec le cousin Roger, ces souvenirs étaient encore bien présents en sa mémoire.
Mais au fil du temps, les parents de Roger prirent de la distance avec la famille suite à une brouille, il ne sut jamais pourquoi ! En ce temps là… les enfants étaient exclus des conversations et des secrets des adultes.
Pour la première fois, Martin le voyage seul, habituellement son épouse l’accompagnait dans tous ses voyages, et quand ils descendaient vers le Midi, ils faisaient le trajet en un jour, mais leur récent divorce avait changé bien des choses dans sa vie.
Malgré trente cinq ans de mariage heureux, avec sa préretraite leur couple s’était lentement dégradé, ce côtoiement permanent les étouffait, ils avaient tout au long de leur vie à deux gardés une certaine indépendance et maintenant ils se retrouvaient là, à vivre ensemble vingt quatre heures sur vingt quatre.
Martin savait qu’il était responsable bien plus que sa femme de cette rupture car il ne pouvait lui reprocher que d’être devenue trop possessive et de lui bouffer sa liberté dont il manquait terriblement après vingt cinq années où son travail de commercial l’entrainait loin de chez lui, tôt le matin jusque bien tard dans la soirée.
Avec les années, il avait prit goût à cette liberté qui lui ouvrait la porte pour satisfaire son penchant pour les hommes, mais aujourd’hui, muré dans cette vie de couple préretraité, il devait finasser et trouver mille prétextes pour ses rendez-vous libertins.
Finalement elle avait été bien plus lucide que lui, en voulant divorcer, il valait mieux qu’ils se séparent en bon terme et rester amis plutôt que de vivre dans l’enfer et le déchirement, leurs affinités pouvaient encore leurs faire partager une tendre amitié.